Economie collaborative

L’économie collaborative génératrice de discriminations, la faute à qui ?

Les outils collaboratifs participent du partage et du vivre ensemble. Pourtant, certaines utilisations peuvent être à l’origine de discriminations antivieux, racistes, sexistes, etc. A qui en revient la faute et comment limiter les dérives ?

Discriminations et racisme sur les plateformes collaboratives

Même assidus des plateformes collaboratives, certains usagers avouent essuyer 50 % de refus sur des plateformes collaboratives. Ils en arrivent à changer le nom ou l’âge pour avoir une réponse positive. Les utilisateurs des plateformes collaboratives revendiquent le droit de choisir.

Une étude menée sur la plateforme de covoiturage Blablacar faisait en effet ressortir que les conducteurs dont le nom présente une « consonance arabe ou musulmane » ont moins de chances d’avoir des passagers que ceux ayant un nom bien français

Régulièrement, des comportements discriminatoires, voire racistes, sont mis à jour, mais les discriminations persistent. Il n’est pas rare de lire sur les annonces « pas de noir », « nationalité française obligatoire ».

Sans aller jusqu’à inscrire ce type de mentions dans leur profil, les utilisateurs s’appuient sur les descriptions ou les avis pour orienter leur choix. Si ce choix est compréhensible et sans conséquence quand il s’agit de préférer un conducteur prudent, il est beaucoup moins anodin et même répréhensible quand il s’agit de choisir des passagers du même âge ou du même sexe.

Le racisme et la discrimination sont des faits condamnables en France. On ne le sait pas assez, mais il existe plus de 25 critères de discrimination :

  • sexe,
  • origine,
  • appartenance à une ethnie, une nation ou une prétendue race,
  • grossesse,
  • état de santé,
  • handicap,
  • caractéristiques génétiques,
  • orientation sexuelle,
  • identité de genre,
  • opinions politiques,
  • activités syndicales,
  • opinions philosophiques,
  • croyance ou appartenance à une religion,
  • situation de famille,
  • apparence physique,
  • nom,
  • mœurs,
  • lieu de résidence,
  • perte d’autonomie,
  • particulière vulnérabilité résultant de la situation économique,
  • capacité à s’exprimer dans une autre langue que le français,
  • domiciliation bancaire.

Si une personne subit, du fait de l’un de ces critères, un traitement discriminatoire dans l’accès à l’emploi, au logement, à un service, à un lieu accueillant du public, à la protection sociale ou à l’éducation et la formation, l’auteur de la discrimination peut être puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende

Les plateformes collaboratives sont-elles punissables des agissements de leurs membres ?

La question se pose de savoir si les utilisateurs sont les seuls responsables de ces agissements ou si les plateformes collaboratives ne peuvent être considérées comme complices.

Bien sûr, les plateformes n’ont qu’un rôle de courtage. Elles mettent en relation les personnes qui proposent un service avec celles qui le recherchent. C’est par exemple le cas d’AirBnB, dont la responsabilité est différente d’une agence immobilière. Cette dernière, en effet, est mandatée et agit au nom de son client dans tous ses actes et donc coresponsable.

La seule façon d’obtenir réparation d’une discrimination semble relever du recours collectif en vue de prouver qu’il y a bien une discrimination systémique, qui découle de l’organisation et des procédures, mais néanmoins non intentionnelle de la part des plateformes.

Si les plateformes collaboratives ne sont pas directement responsables des discriminations, Il n’est pas exclu cependant qu’elles contribuent à les exacerber. Les utilisateurs des systèmes de partage tendent à vouloir sélectionner des personnes qui leur ressemblent. Or pour limiter ce phénomène, il suffirait que les plateformes réduisent le nombre d’informations susceptibles d’entraîner des discriminations.

Lire aussi « quel avenir pour l’économie collaborative après les déboires des grandes plateformes »

A l’inverse, les plateformes collaboratives qui favorisent l’entre soi en permettant une plus grande interconnaissance, comme le site MisterBandB ou la version « entre femmes » de Blablacar, flirtent avec les comportements discriminatoires.

Sources :

https://www.defenseurdesdroits.fr/

Marie-France

Rédactrice de formation, Marie-France est devenue blog-addict depuis 2010. Elle se passionne pour tous les sujets de société et de développement personnel. Elle met ses compétences et son expérience au service de ConsoFutur pour faire avancer la vie vers un monde plus responsable et plus durable.

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