Dossier: La végétalisation des villes

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Végétalisation des villes

Dans les tiroirs des métropoles depuis les années 70, l’idée de cultiver dans les centres-villes monte en puissance. Toits, murs, trottoirs, cours d’école… On plante ! Avec des bénéfices attendus pour l’environnement et la qualité de vie.

Procurer de l’ombre, oxygéner l’atmosphère… Le souhait de verdir les centres-villes s’est installé de plus en plus sûrement dans les projets des municipalités. L’Allemagne fut pionnière, et elle a fait des émules. Ces petits poumons verts des quartiers suscitent intuitivement l’adhésion. Ils entrent aussi dans la réflexion sur des enjeux planétaires : adapter les territoires au changement climatique, préserver la biodiversité… Des études scientifiques cherchent aujourd’hui à évaluer précisément les avantages des plantations en ville.

Des effets positifs sur l’environnement

Certaines plantes permettraient de lutter contre la pollution, en filtrant des molécules polluantes, tels les oxydes d’azote, les composés organiques volatiles ou l’ozone dans leurs sols ou en les emprisonnant dans les tiges et les feuilles, voire en les dégradant par leur métabolisme propre. Or cet effet, séduisant au premier abord, est réel mais limité et encore mal connu à l’échelle d’une ville entière. Le deuxième effet recherché est la lutte contre les « îlots de chaleur », c’est-à-dire la concentration des températures élevées dans les zones urbaines denses, particulièrement délétères en périodes de forte chaleur. L’ombre des arbres limite le réchauffement des surfaces bétonnées et plus généralement les plantes rafraîchissent l’air par évapotranspiration en particulier quand les sols sont régulièrement humidifiés. Une étude française –le projet Epicea–  a montré qu’une végétalisation couplée à une meilleur gestion des eaux permettrait de réduire de 1 à 3°C la température atmosphérique pendant un épisode de canicule en ville et jusqu’à 5°C à certaines heures de la journée. Concernant l’eau, la végétalisation présente aussi des avantages : elle contribue à désimperméabiliser les centres urbains et donc à minorer les effets du ruissellement des eaux pluviales, parfois très destructeur : inondations, pollution des fleuves et rivières… Bénéfice plus inattendu, les façades végétalisées des immeubles réduisent des nuisances sonores au niveau de la rue. Ce résultat a déjà été observé (par l’étude VegDUD) et les recherches se poursuivent.

Petits bémols

Tous ces facteurs mis bout à bout, l’extension du végétal présente de sérieux avantages, même s’il convient de regarder aussi ses inconvénients, comme l’augmentation de la circulation de pollens potentiellement allergènes, la nécessité de réguler les espèces invasives ou encore le coût de ces installations -20 à 150 euros au mètre carré- et de leur entretien. On ne peut négliger non plus les impératifs techniques qu’un projet de végétalisation induit : étudier préalablement la résistance des bâtiments pour supporter le poids de la terre humide ou prévoir des systèmes d’arrosage adéquats, par exemple. Ces contraintes expliquent que les toits végétalisés se présentent souvent sous forme de cultures extensives ou tapis végétaux constitués de sedum, une plante grasse facile d’entretien, par opposition aux toitures-terrasses cultivées comme des jardins, plus compliquées à mettre en place.

Une ville qui change de visage

Au-delà des effets directs sur la qualité de l’environnement, la végétalisation a un impact sur la physionomie de la ville : les îlots de verdure offrent au regard un paysage diversifié et procurent des espaces reposants. Ils se développent sous des modalités extrêmement variées dans les villes françaises qui se sont lancées, comme Nantes, Grenoble ou Paris : toits et façades végétalisées, colonisation du mobilier urbain (bancs publics, abribus), installation de bacs sur les trottoirs et dans les copropriétés, de jardinières dans les espaces publics, pieds d’arbres cultivés… Et les habitants le perçoivent majoritairement comme une amélioration de leur lieu de vie. Un sondage commandé par les entreprises du paysage révèle justement que pour plus de 8 Français sur 10 habiter à proximité d’un espace vert est un critère important au moment de choisir leur logement et 6 sur 10 estiment que créer de nouveaux espaces verts devraient figurer parmi les premières priorités des municipalités.

Bien-être et vivre ensemble

Les villes françaises qui veulent développer leurs espaces verts, sous toutes leurs formes, s’appuient sur les bonnes volontés de leurs citoyens, tout en mettant en place des incitations financières voire des obligations de prévoir des surfaces végétales à chaque nouvelle construction. Du reste, les jardins partagés ne sont pas une nouveauté : ils étaient tombés en désuétude mais se redéveloppent partout dans le pays. La ville de Paris propose depuis peu, à la suite d’autres, des « permis de végétaliser » qui permettent aux habitants de semer les pieds d’arbres ou d’installer des jardinières à certains endroits. La capitale offre aussi des sachets de graines adaptées à la climatologie locale. Ces projets portés par les associations ou les particuliers créent une dynamique autour de l’aménagement des espaces communs, avec à la clé des rencontres, de la convivialité, une vie de quartier vivifiée.

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