Un tiers de la mangrove disparu depuis 20 ans, la faute à la crevette

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destruction de la mangrove par la crevetticulture

La demande mondiale de crevettes est sans cesse croissante depuis quelques années. L’essor de la crevetticulture aurait entraîné selon IDDRI (institut du développement durable et des relations internationales), plus du tiers des mangroves aurait été détruit par la filière depuis 20 ans. Dans certaines contrées du monde, elle a même entraîné une disparition de la mangrove plus importante, plus des deux tiers comme c’est le cas en Equateur.

biodiversité dans la mangrove

La crevetticulture (ou pénéiculture) est considérée comme largement responsable. En réalité, ce phénomène a commencé il y a une soixantaine d’années. La mangrove, habitat naturel de nombreuses espèces, nourrit de nombreuses familles autochtones. Mais des grands groupes sont venus décimer ces palétuveraies inondées pour y creuser d’énormes lagunes destinées à l’élevage de la crevette. Les chiffres de la FAO sont significatifs : en 30 ans, la surface mondiale de mangrove est passée de 18,8 millions d’hectares à 15,2 millions.

L’Asie, la plus touchée par la disparition de la mangrove

Le continent asiatique a perdu 14 % de sa mangrove sur la période 80-90, plus 13,1 % sur la période 90-2000. Sur l’île de Java, ce n’est pas moins de 70 % de la mangrove qui a disparu en seulement 50 ans. C’est bien l’explosion de la crevetticulture et, plus généralement, de l’aquaculture qui est, selon le CIFOR (centre pour la recherche forestière internationale), responsable de cette déforestation massive.

crevettes bon pour la santé

En Asie et partout dans le monde, la consommation de crevettes et autres produits de la mer a explosé, boostée par les campagnes publicitaires en vantant les bienfaits pour la santé (Lire aussi : Limiter la consommation de sushis pour l’environnement). L’aquaculture produit en effet 7 fois plus de crevettes qu’en 1990, et l’Europe, premier importateur dans le monde, n’échappe pas à cette mode alimentaire. En France, selon FranceAgrimer, ce sont 85 000 tonnes de crevettes tropicales qui ont ainsi été importées en 2017 (+35 % en 6 ans).

La crevetticulture, une catastrophe en termes de développement durable

Il faut dire que la crevetticulture est un marché juteux, puisqu’il ne rapporte pas moins de 640 M€ rien que pour la France. Certains industriels l’ont d’ailleurs compris, puisqu’ils voudraient créer en France des élevages de crevettes, à proximité de la mer, dans des espaces pourtant largement protégés par la loi « littoral ».

l'élevage de crevette tue la mangrove

L’impact de la crevetticulture n’est pas seulement environnemental, avec la destruction de la mangrove. La production des crevettes « françaises », en provenance de la mangrove asiatique ou équatoriale, est acheminée jusqu’à la France, parfois via d’autres pays lointains où elle est cuite et emballée. Bref, un véritable désastre écologique. Et tout cela, bien sûr, pour des salaires de misère, au même titre que l’huile de palme ou autres produits exotiques à bas coûts (cf. rapport Oxfam international : Derrière le code-barre, des inégalités en chaînes »).

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Rédactrice de formation, Marie-France est devenue blog-addict depuis 2010. Elle se passionne pour tous les sujets de société et de développement personnel. Elle met ses compétences et son expérience au service de ConsoFutur pour faire avancer la vie vers un monde plus responsable et plus durable.

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