L’illectronisme : l’illettrisme numérique touche un quart des français

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Une étude à l’initiative du Syndicat de la Presse Sociale et menée par le CSA met en avant un nouveau fléau : l’illectronisme. Si l’accès au numérique fut d’abord lié à un équipement insuffisant, la réponse à cette fracture est aujourd’hui à trouver dans les usages selon le rapport.

L’illectronisme, c’est quoi ?

L’illectronisme est un nouveau terme retenu pour désigner l’illettrisme numérique. Il relève d’un manque ou d’une absence de connaissances liées à l’utilisation des nouvelles ressources numériques. Si 7% de la population est touché par l’illettrisme « classique », 23% des personnes interrogées par le CSA ne se sentent pas à l’aise avec le numérique.

Une population presque entièrement équipée

L’accès au numérique a longtemps été une question d’équipement. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque 9 français sur 10 seraient équipés d’au moins un outil informatique (ordinateur, smartphone ou tablette). La fracture numérique prend alors une nouvelle forme pour devenir une fracture d’usage. De nombreux facteurs entrent en jeu pour expliquer ce phénomène. On peut citer notamment la complexité des sites ou encore l’image du Web entachée par de nombreux scandales récents qui poussent les utilisateurs à la méfiance.

Des catégories à part

L’étude met en avant des disparités selon les catégories d’âge. Certaines sont ainsi particulièrement touchées et notamment les personnes de plus de 70 ans, dont seulement 67% sont équipés quand 1/3 n’a pas d’accès à Internet. Près de 50% d’entre elles ne se sentiraient pas à l’aise avec le numérique et refusent parfois même d’en entendre parler. Un autre groupe se dégage, celui des « abandonnistes », présents dans toutes les catégories de la population (peu importe l’âge, le sexe, le milieu, la catégorie socio-professionnelle). Ce sont les personnes qui déclarent avoir renoncé à une démarche sur Internet dans les 12 derniers mois. Parmi eux, plus de 50% se sentent à part, en « décalage » même si une majorité souhaite progresser.

Quels problèmes pose-t-il ?

Philippe Marchal, président du SPS, parle de « nouvelle fracture sociale ». Le syndicat plaide pour « l’égalité des droits » face à un « handicap ». En effet, les démarches administratives s’effectuent de plus en plus sur Internet. On pense notamment à l’annonce par le gouvernement d’une administration 100% dématérialisée d’ici à 2022 qui ferait de l’illectronisme un facteur d’exclusion dans une société digitalisée. Certaines personnes renoncent à demander des aides sociales, à chercher un emploi ou tout simplement à contacter leur famille ou acheter un billet de train, des actions possibles aujourd’hui en quelques clics.

Comment y remédier ?

La lutte contre l’illettrisme passe par la sensibilisation et la formation de ces populations. Ces groupes exclus doivent être accompagnés et cela passe avant tout par la mise en place d’un réseau de proximité « en bas de l’immeuble » selon Jean Deydier, spécialiste de la formation numérique. Ce suivi doit également être personnalisé, adapté aux besoins, ceux des « digital natives » se distinguant fortement de ceux des plus de 70 ans par exemple. Ces derniers auront besoin de formations sur des usages plus basiques quand les jeunes doivent être particulièrement sensibilisés notamment aux dangers des réseaux sociaux sur lesquels ils sont très présents. Enfin, si des aides doivent être mises en place par les acteurs publics, Philippe Marchal encourage également l’aide au sein des familles, entre les générations.

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