La Fédération nationale des chasseurs a lancé une grande campagne pour réhabiliter les chasseurs protecteurs de la nature. D’après elle, ils seraient les « premiers écologistes de France ». Qu’en est-il ?
C’est ce qu’annonce l’affiche 4 x 3 qui recouvre les murs des couloirs de métro parisien. Les chasseurs participeraient de façon tout à fait bénévole à la sauvegarde de la biodiversité des campagnes, cette participation étant chiffrée, pour un an, à 360 millions d’euros. A l’appui, un film réalisé par Guillaume Desenfant pour démontrer que les chasseurs responsables œuvrent pour l’écologie et la biodiversité.
Employer le vocabulaire écologique est devenu le nouveau credo des chasseurs, alors même qu’ils en ont été les opposants les plus farouches pendant des décennies, et notamment lors de la création des sites Natura 2000. D’après le président de la FNC, Willy Schraen, cette campagne 2018 de promotion des chasseurs (et de la chasse ?) est une réponse aux médias et aux réseaux sociaux qui ont largement contribué à écorner leur image. Promotion de la chasse aussi, puisque c’est l’occasion de préciser que la “régulation” permet de lutter contre certaines maladies.
Les chasseurs revendiquent quantité d’actions visant à protéger et à gérer la biodiversité, comme la restauration de zones humides, l’entretien des chemins et des haies, etc. On parle de 30 000 ETP (équivalents temps plein) à la fédération nationale, c’est peu dire. Pour valider cette action de terrain, des études ont même été commandées auprès de trois organismes différents, spécialisés essentiellement dans le comptage des oiseaux et la connaissance de la migration.
Les vrais protecteurs de la nature ne sont pas dupes, cependant. La LPO estime en effet que le comptage des espèces ne dit rien sur les prélèvements réalisés lors des actions de chasse, en dehors des gros gibiers. Finalement, entre l’absence de statistiques réelles, les estimations faussées présentant des écarts allant du simple au double et les chasses privées, il n’est pas dit que les études seront très réalistes.
L’artificialisation des sols, l’agriculture intensive et l’extension de l’urbanisation tendent à faire disparaître les milieux naturels, qui constituent les « réserves » des chasseurs. Il semble donc bien que ce soit par obligation, pour maintenir des domaines de chasse suffisants, que les chasseurs ont dû s’atteler, d’une part, à gérer les zones de chasse et, d’autre part, à vérifier que le gibier reste suffisant.
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